Les infections après une greffe rénale : un risque réel mais maîtrisable
Après une greffe rénale, votre nouveau rein fonctionne, mais votre corps est en guerre constante. Les médicaments qui empêchent le rejet affaiblissent aussi votre système immunitaire, ce qui vous rend vulnérable aux infections. Ce n’est pas une simple grippe : une infection bénigne peut devenir grave en quelques jours. La bonne nouvelle ? Avec les bonnes mesures, la plupart de ces infections peuvent être évitées. Ce n’est pas une question de chance, mais de stratégie.
Les trois piliers de la prévention : médicaments, vaccins, comportements
La prévention des infections après greffe repose sur trois piliers solides : les médicaments préventifs, les vaccins bien calés dans le temps, et les changements de mode de vie. Aucun de ces trois éléments ne suffit seul. Ils doivent fonctionner ensemble.
Les médicaments préventifs, appelés prophylaxie antimicrobienne, sont prescrits dès les premières semaines après la greffe. Pour les virus comme l’herpès simplex ou le zona, les médecins prescrivent souvent de l’acyclovir ou du valacyclovir pendant 1 à 3 mois. Pour le cytomégalovirus (CMV), le risque est plus élevé si le donneur est positif et le receveur négatif (D+/R-). Dans ce cas, la prophylaxie universelle avec du valganciclovir est recommandée pendant 3 à 6 mois. Ce médicament est préféré à l’ancien ganciclovir car il est mieux absorbé par l’organisme.
La prophylaxie ne s’arrête pas là. Pour éviter une infection pulmonaire grave causée par Pneumocystis jirovecii, les patients reçoivent du triméthoprime-sulfaméthoxazole pendant au moins 6 mois. Les antifongiques sont aussi utilisés chez les patients très immunodéprimés, surtout après une greffe de moelle osseuse, mais ils sont moins courants après une greffe rénale.
Vaccins : quand et lesquels sont autorisés ?
Les vaccins sont votre bouclier, mais ils doivent être donnés au bon moment. Avant la greffe, c’est l’idéal. Une fois le rein transplanté, votre système immunitaire ne répond pas bien aux vaccins vivants. C’est pourquoi les vaccins contenant des virus vivants atténués - comme la rougeole, les oreillons, la rubéole (ROR), la varicelle ou la fièvre jaune - sont strictement interdits après la greffe. Ils pourraient vous rendre malade au lieu de vous protéger.
Les vaccins inactivés, en revanche, sont sûrs. Vous pouvez les recevoir à partir de 6 mois après la greffe. Ceux qui sont essentiels : la grippe annuelle, le pneumocoque (deux types différents, donnés à 6 mois d’intervalle), le tétanos-diphtérie-coqueluche, et l’hépatite B si vous n’êtes pas déjà immunisé. Votre entourage doit aussi être à jour : vos enfants, votre partenaire, vos parents. Un simple rhume de vos enfants peut vous mettre à l’hôpital. C’est ce qu’on appelle l’effet « cocon » : entourez-vous de personnes protégées.
Surveillance active : détecter avant que ce ne soit trop tard
Ne pas attendre d’être malade pour agir. La surveillance est la clé. Pour le CMV, les médecins ne se contentent plus de regarder vos symptômes. Ils font des analyses de sang régulières pour mesurer la quantité d’ADN du virus dans votre sang. C’est ce qu’on appelle la thérapie préemptive. Dès qu’on détecte une réplication virale, même sans symptôme, on démarre un traitement. Cela réduit drastiquement les risques de rejet du rein et de décès.
Pour les infections fongiques, comme l’aspergillose, on utilise des marqueurs sanguins comme le galactomannane ou le β-D-glucane. Ces tests permettent de détecter une infection avant qu’elle ne se manifeste par une toux ou une fièvre. Dans les centres spécialisés, les patients à haut risque subissent des cultures hebdomadaires pour repérer les bactéries multirésistantes, comme les Enterobactérales productrices de BLSE. Si vous avez déjà porté ces bactéries dans vos intestins, vous êtes à risque. Les équipes médicales surveillent cela comme un signal d’alerte.
La vie au quotidien : ce qu’il faut changer
Vous pouvez sortir, voyager, avoir des animaux, manger normal… mais avec des règles.
La nourriture est un terrain fertile pour les infections. Évitez les fruits et légumes crus non lavés, les fromages non pasteurisés (comme le brie, le camembert, le feta), les fruits de mer crus, les œufs à l’œuf, et les charcuteries. La listériose, causée par une bactérie présente dans ces aliments, peut être mortelle pour vous. Faites cuire vos aliments à plus de 70 °C. Lavez-vous les mains avant de manger, même si vous pensez que tout est propre.
Les animaux de compagnie ? Ils peuvent rester. Mais évitez les déjections. Ne nettoyez pas la litière du chat, ne ramassez pas les crottes de chien. Lavez-vous les mains après les avoir caressés. Les reptiles, les oiseaux et les amphibiens sont à éviter : ils portent des salmonelles et d’autres germes dangereux. Un chien ou un chat propre, vacciné, et qui ne sort pas chasser est un bon compagnon.
En hiver, évitez les lieux bondés : transports en commun, centres commerciaux, salles d’attente d’hôpital. Portez un masque chirurgical si vous devez être dans un lieu à risque. Lavez-vous les mains avec du savon ou un gel hydroalcoolique après chaque sortie. Même si vous avez l’impression que c’est exagéré, c’est ce qui vous sépare d’une hospitalisation.
Les nouvelles pistes : microbiote, vaccins futurs, thérapies innovantes
La recherche avance vite. Les antibiotiques traditionnels ne suffisent plus face aux bactéries multirésistantes. Une nouvelle piste prometteuse : la transplantation de microbiote fécal (FMT). On prélève les bactéries intestinales d’une personne saine, et on les transfère chez le patient pour rétablir un équilibre. Cela aide à éliminer les bactéries résistantes et à prévenir les récidives de Clostridioides difficile, une infection intestinale très fréquente après antibiothérapie.
Des thérapies anti-adhésion sont aussi en test : des molécules qui empêchent les bactéries de se coller aux parois de la vessie ou des vaisseaux sanguins. Elles pourraient remplacer les antibiotiques pour les infections urinaires, très courantes après greffe.
Et les vaccins contre le CMV ? Plusieurs sont en cours d’essai clinique. Aucun n’est encore disponible, mais les premiers résultats sont encourageants. Un jour, peut-être, un seul vaccin pourra protéger les greffés contre ce virus sans avoir à prendre des médicaments pendant des mois.
Le piège à éviter : trop de prévention = trop de risques
Il ne s’agit pas de vivre comme un prisonnier. Le but, c’est de trouver l’équilibre. Prendre trop de médicaments, porter un masque 24h/24, éviter toute sortie… ça crée de l’anxiété, de la solitude, et peut même nuire à votre santé mentale. Votre équipe médicale doit vous aider à peser le risque réel contre la qualité de vie. Après 6 à 12 mois, la plupart des patients peuvent reprendre une vie presque normale, avec quelques précautions.
Le suivi ne s’arrête jamais. Même après un an, les infections peuvent revenir. Un rhume qui ne passe pas ? Une fièvre à 38 °C ? Une urgence. Ne l’ignorez pas. Appelez votre centre de greffe. Même à 23 heures. C’est votre priorité.
Quels vaccins puis-je recevoir après une greffe rénale ?
Après une greffe rénale, vous pouvez recevoir les vaccins inactivés à partir de 6 mois : grippe annuelle, pneumocoque (deux types), tétanos-diphtérie-coqueluche, hépatite B (si nécessaire), et le vaccin contre le virus du papillome humain (VPH) si vous êtes dans la tranche d’âge recommandée. Les vaccins vivants - comme la rougeole, les oreillons, la rubéole, la varicelle, la fièvre jaune - sont strictement interdits car ils peuvent provoquer une infection grave.
Pourquoi le valganciclovir est-il préféré au ganciclovir pour la prophylaxie du CMV ?
Le valganciclovir est une forme orale du ganciclovir, mais il est bien mieux absorbé par l’intestin. Cela signifie que vous en prenez moins souvent, avec moins d’effets secondaires, et que la concentration dans le sang est plus stable. Cela augmente l’efficacité de la prophylaxie et améliore l’observance du traitement.
Puis-je avoir un chien ou un chat après une greffe ?
Oui, mais avec des précautions. Évitez de nettoyer la litière du chat (risque de toxoplasmose) ou de ramasser les crottes de chien. Lavez-vous les mains après les avoir caressés. Gardez vos animaux vaccinés, vermifugés, et à l’intérieur autant que possible. Les reptiles, oiseaux et amphibiens sont à éviter car ils portent des bactéries dangereuses comme les salmonelles.
Quels aliments dois-je absolument éviter après une greffe ?
Évitez les fromages non pasteurisés (brie, camembert, feta, roquefort), les fruits de mer crus (sushi, huîtres), les charcuteries crues (jambon cru, saucisson), les œufs à l’œuf, les légumes et fruits crus non lavés, et les jus non pasteurisés. Tous peuvent contenir des bactéries comme la listeria, la salmonelle ou la toxoplasme, qui sont très dangereuses pour vous.
Quand puis-je reprendre une vie normale après une greffe rénale ?
Après 6 à 12 mois, la plupart des patients peuvent reprendre une vie quasi normale : voyager, travailler, faire du sport léger, sortir avec des amis. Mais il faut rester vigilant : éviter les lieux très fréquentés en hiver, porter un masque si nécessaire, laver les mains régulièrement, et surveiller toute fièvre ou symptôme inhabituel. La prévention ne s’arrête jamais, mais elle devient plus légère avec le temps.
Clementine McCrowey
J’ai été greffée il y a 2 ans, et je peux dire que tout ce qui est écrit ici, c’est la vérité. Les vaccins, les mains lavées, pas de fromage cru… j’ai appris à vivre comme ça, et je vais bien. C’est pas la vie que je rêvais, mais c’est la vie qui me garde en vie.
Je vous encourage, vous qui venez d’être greffés : prenez ça au sérieux, mais sans paniquer. Vous pouvez encore vivre.
Jérémy allard
C’est ridicule. On nous fait peur avec des microbes pour qu’on reste dociles. Dans les années 90, les gens vivaient sans masque et sans prophylaxie. On n’était pas tous morts. La médecine moderne a transformé les patients en prisonniers de leur propre corps.
Franc Werner
Je suis né au Sénégal, et j’ai vu comment les gens vivent avec peu de moyens, mais une grande sagesse. Ici, on a tout : des tests, des médicaments, des vaccins… mais on a peur de respirer. La prévention, c’est bien. Mais la vie, c’est aussi de savoir quand arrêter de se protéger pour commencer à vivre. J’ai un ami greffé qui voyage en Afrique tous les ans. Il est en forme. Il a appris à respecter, pas à craindre.
Jean-Thibaut Spaniol
Vous oubliez de mentionner que la prophylaxie par valganciclovir est coûteuse et souvent sous-optimisée dans les hôpitaux publics. Et que le triméthoprime-sulfaméthoxazole provoque des réactions cutanées graves chez 12 % des patients - un chiffre rarement cité dans ces guides simplifiés. La vraie prévention, c’est la recherche, pas les listes de courses. Et encore, les vaccins contre le CMV ? Ils sont en phase 3 depuis 2018. On attend toujours. C’est de la propagande médicale bien embelli.